Avec la hausse des recettes tarifaires américaines, les cours du pétrole vont-ils baisser ou rebondir en raison de la géopolitique ?
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Le pétrole brut est plus susceptible de chuter vers les 60 dollars, selon les analystes, que de rebondir en raison de la géopolitique. La hausse des recettes tarifaires américaines réduit le déficit fédéral, mais au prix d'un ralentissement de la croissance mondiale et d'une baisse de la demande de carburant. Les stocks de pétrole sont en hausse et l'offre des producteurs de l'OPEP+ et non membres de l'OPEP reste solide.
Alors que les risques géopolitiques, qu'il s'agisse de la frappe israélienne au Qatar ou des menaces de droits de douane et de sanctions américains sur le pétrole russe, soutiennent les cours à court terme, les fondamentaux indiquent une offre excédentaire. Cela fait d'un test baissier de 60$ le risque dominant à moins que des perturbations majeures ne resserrent le marché.
Principaux points à retenir
- Le pétrole brut WTI se situe à environ 63 dollars, avec des risques baissiers se rapprochant de 60 dollars.
- La hausse des recettes tarifaires américaines réduit le déficit fédéral de 300 milliards de dollars mais ralentit la croissance mondiale, freinant ainsi la demande de pétrole.
- La frappe israélienne au Qatar soulève des préoccupations en matière de sécurité dans le Golfe, en injectant une prime de risque.
- Trump impose de nouvelles sanctions et de nouveaux droits de douane sur les flux de pétrole russes, ciblant l'Inde et la Chine.
- Les stocks américains augmentent de 1,25 million de barils, ce qui met en évidence la pression sur l'offre.
- L'OPEP+ augmente légèrement sa production, mais la croissance de la production en provenance des États-Unis, du Brésil et de la Guyane reste forte.
Les fondamentaux indiquent une baisse des prix
La situation fondamentale du pétrole reste baissière.
Les stocks sont en hausse : les données de l'API pour la semaine se terminant le 5 septembre indiquaient une augmentation de 1,25 million de barils des stocks de pétrole brut américains, confirmant que l'offre est supérieure à la demande.

Sur un marché typique, cela pèserait lourdement sur les prix, et les traders sont déjà prudents quant à de nouvelles constructions.
La croissance de la demande faiblit : la hausse des recettes tarifaires américaines (31,4 milliards de dollars en août, 183,6 milliards de dollars depuis le début de l'année) réduit le déficit mais ralentit le commerce mondial.

Des rapports montrent que les représailles des partenaires commerciaux ont ébranlé la confiance des consommateurs et réduit l'activité industrielle, ce qui a entraîné une baisse de la consommation de carburant. Les prévisions du PIB mondial pour 2025 ont été révisées à la baisse de 0,5 point de pourcentage, la croissance américaine étant également plus faible, une tendance qui contribue directement à la baisse de la demande de pétrole.
La croissance de l'offre reste robuste :
- L'OPEP+ a annoncé une hausse de production plus faible que prévu ce week-end, mais elle ajoute tout de même des barils sur le marché.
- Les producteurs non membres de l'OPEP, menés par les États-Unis, le Brésil et le Guyana, continuent d'augmenter leur production. Aux États-Unis, les gains d'efficacité induits par la technologie se traduisent par une production record, même avec moins d'appareils.
- Ensemble, ces hausses permettent de maintenir un marché bien approvisionné malgré le ralentissement de la demande.
Cette dynamique indique que le WTI testera 60 dollars le baril, surtout si les stocks continuent à augmenter jusqu'en septembre.
Les risques géopolitiques du marché pétrolier apportent un soutien à court terme
Malgré la faiblesse des fondamentaux, les risques géopolitiques apportent un soutien et empêchent une vente plus importante. La frappe israélienne au Qatar a été un événement rare et déstabilisant. Israël a pris pour cible les dirigeants du Hamas à Doha mardi, le Hamas faisant état de cinq victimes.
Le Qatar abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient et a joué un rôle clé dans les pourparlers de paix. La grève a bouleversé les marchés, faisant grimper le pétrole de près de 2 % avant que les gains ne soient réduits après que les responsables américains aient minimisé la probabilité de nouvelles attaques. L'incident a tout de même injecté une nouvelle prime de risque liée à l'instabilité du Golfe.
La pression américaine sur les flux de pétrole russes est également au centre de l'attention. Selon Reuters, Trump a fait pression pour davantage de restrictions sur les exportations de pétrole brut de Moscou, réclamant des droits de douane de 100 % sur l'Inde et la Chine si elles continuent à acheter du pétrole russe.
L'Inde est déjà confrontée à un droit de douane de 50 %. Si elles sont appliquées, ces mesures pourraient réduire les recettes russes et perturber les flux vers les principaux acheteurs, soutenant ainsi les cours mondiaux du pétrole. Pour l'instant, l'Inde et la Chine ont résisté à la pression occidentale, mais la menace à elle seule suffit à renforcer le sentiment.
Les droits de douane et le dollar compliquent la situation
L'impact fiscal de la hausse des recettes tarifaires américaines est clair. Les recettes cumulatives de 183,6 milliards de dollars pourraient dépasser les 300 milliards de dollars d'ici la fin de l'année, réduisant ainsi le déficit budgétaire américain d'un montant similaire. Selon les prévisions, cet allégement budgétaire pourrait renforcer le dollar américain.
Pour le pétrole, toutefois, un dollar plus fort est une arme à double tranchant :
- Cela rend le pétrole brut plus cher pour les acheteurs en dehors des États-Unis, ce qui réduit la demande.
- Elle exerce une pression sur les exportateurs, qui gagnent moins en monnaie locale.
Combiné au ralentissement de la croissance mondiale dû aux tensions commerciales, l'évolution des droits de douane pèse davantage sur la demande que sur l'offre, ce qui renforce les arguments baissiers.
Scénarios d'impact sur le marché et de prix
L'équilibre des risques laisse entrevoir une volatilité continue.
- Scénario baissier : Les fondamentaux dominent. La hausse des stocks et le ralentissement de la demande font chuter le WTI à 60 dollars, les risques s'étendant entre 50 et 55 dollars si les excédents se creusent jusqu'en 2026.
- Scénario haussier : La géopolitique prend de l'ampleur. L'instabilité du Golfe ou le durcissement des sanctions américaines contre la Russie ajoutent une prime de risque, soutenant le pétrole brut autour de 65 à 70 dollars à court terme.
- Boîtier de base : Un marché push-pull où le WTI se négocie entre 60 et 70 dollars, l'orientation étant davantage dictée par les gros titres que par les fondamentaux.
Analyse technique des cours du pétrole
Le prix actuel du WTI, proche de 63$, est proche d'un niveau de support important autour de 61,40$. Une rupture en dessous de cette zone pourrait accélérer les pertes vers 60 dollars, tandis qu'un rebond des gros titres géopolitiques pourrait mettre à l'épreuve les niveaux de résistance de 70 dollars et 75 dollars. Les volumes de transactions actuels suggèrent que les vendeurs restent actifs, ce qui indique une pression à la baisse persistante à moins que les acheteurs n'interviennent sur leur lancée.

Implications en matière
Pour les traders et les investisseurs, la configuration actuelle favorise le trading tactique à court terme.
- Acheter à proximité de la zone de support de 61,40$ peut offrir des opportunités si les risques géopolitiques provoquent des rebonds temporaires.
- Les ventes dans le cadre de hausses proches de 70 à 75 dollars s'alignent sur les fondamentaux baissiers généraux et sur le ralentissement de la demande.
- Le positionnement à moyen terme devrait tenir compte de la hausse de l'offre et de la baisse des perspectives de demande, les risques étant orientés vers un test prolongé de la fourchette de 50 à 55 dollars en 2026.
Les actions énergétiques liées à des producteurs américains efficaces de schiste et à faible coût pourraient surperformer, tandis que les projets offshore à coûts plus élevés restent vulnérables. Les raffineurs pourraient continuer à bénéficier d'un débit élevé même si les cours du pétrole brut faiblissent.
Avertissement :
Les chiffres de performance cités ne constituent pas une garantie des performances futures.